Take me back to when we didn't know the answers ♚ ISAÏ

« Monsieur Lemann ? » La gorge serrée, je me tourne vers l’infirmière alors que les larmes coulent toujours le long de mes joues. Qu’est-ce qu’elle me veut ? Je ne suis plus capable de comprendre tout ce qu’il se passe et pourtant, elle s’avance vers moi avec ce truc entre ses mains. Ce torchon qu’elle me tend et positionne délicatement dans le creux de mes bras. Mes iris suivent ses bras et se posent sur la forme qui se dessine doucement entre mes mains et je comprends. Je vois enfin clair et pourtant, de nouveau, les chutes du Niagara débutent à nouveau. Je tiens dans mes mains l’être le plus magnifique au monde, un petit garçon, mon petit garçon, mon bébé et pourtant, je me sens plus vide que jamais. Je ne ressens plus rien car dans la chambre à côté de nous, se trouve le corps sans vie de sa mère, ma meilleure amie et la femme, l’unique personne que j’ai aimé dans ma vie. Parce que vous croyais que rien ne peut vous arriver, que le monde vous a tout donné, la beauté, l’argent, l’intelligence et le pouvoir, vous ne pensez pas au futur, aux complications, à la vie des autres, vous ne voyez que votre propre orgueil et un jour, tout vous retombe dessus et ne vous laisse pas en sortir indemne. « Avez-vous un prénom pour lui ? » « Noa. Noa Elias Lemann. » « Merci Monsieur. Je vais vous laissez seul un moment, je suis à côté si besoin…  » Seul nos deux respirations restent dans cette pièce, deux, non trois, nous sommes plus que tous les deux, mais je ne le lâcherais pas. Ce petit bonhomme, ce petit être qui est maintenant ma responsabilité, je ne pourrais pas le lâcher, jamais…

« Coleen, tu vas donner cet enfant et continuer tes études de droit, ce n’est pas une option, c’est un ordre. » Vous avez déjà rencontré mon père ? Chance à vous si vous n’avez jamais croisé son chemin. Il est la personne qui a fait de moi ce que je suis ok, mais il est aussi la personne la plus horrible du monde. A ce moment précis, je le déteste plus que tout au monde. Il ose me demander d’abandonner mon propre fils pour reprendre son business, mais s’est-il seulement demandé ce que je souhaitais faire ? Deux jours. Cela ne fait que deux jours depuis que Lyndsay est morte et je ne vois plus les choses de la même manière, je ne veux plus devenir le 59ème homme le plus riche de la planète, je veux simplement profiter de la vie, vivre de mes passions et voir mon fils grandir en lui montrant que la vie vaut le coup et en lui faisant passer tous les messages que sa mère aurait voulu lui donner. Deux jours. Deux jours que je suis papa et mon monde, le monde a changé littéralement autour de moi. « Tu sais quoi, pa-pa ? Non. Il est hors de question que je « donne » mon enfant à qui que ce soit. Il est mon fils et Noa reste avec moi que tu le veuilles ou non. » Son regard aurait pu anéantir une horde de chien enragée mais j’ai grandi avec ce regarde, ce regard a fait de moi une personne horrible mais qui peut aujourd’hui affronter ce regard. « Alors tu seras seul.  » Seul. Cela veut dire pour mon père, plus de financement, plus de renom de la famille, plus de soutient pour la moindre ânerie de ma part, mais au moins je serais libre, libre de lui, de ses pressions et de toutes les obligations que l’on peut avoir en étant un Lemann…

UC